Histoire de Mezel

Aperçu archéologique

De la pierre taillée au bouclier arverne

Le caractère ancien du village de Mezel ne fait aucun doute quand on flâne au hasard de ses ruelles blotties au pied de son imposant château féodal. Il faut dire que le site a tout pour attirer: pentes ensoleillées du puy de Mur, nombreuses sources dévalant du sommet, plaine ouverte et fertile où coule en puissance et majesté la belle rivière Allier.

On y suppose ainsi une longue histoire qu’auraient à nous raconter tous ces murs bâtis de la richesse géologique de la région, de la sueur et du savoir-faire des hommes du passé. Mais imagine-t-on que des populations vivaient déjà en ces lieux depuis près de 15 000 ans soit dès le paléolithique (supérieur quand même!), âge farouche de la pierre taillée où l’on ne connaissait ni village ni agriculture. C’est d’ailleurs au lieu-dit la Pierre que furent découverts des galets aménagés, après les silex taillés de Genas, témoins irréfutables de cette époque, qui répondrait au doux nom de magdalénien des Limagnes.

Trouvant le lieu toujours agréable, l’homme du olithique ( -5500à2500 ans environ), plus poli que le précédent, invente la pierre du même nom, des pratiques nouvelles et y implante son habitat, afin de profiter de tous les bienfaits de ce coin de nature. Le quartier de la Cure a livré son pesant de vases et tessons de céramique, éléments de meules et de broyeurs qui faisaient le quotidien de ces ancêtres déjà besogneux. 

L’époque protohistorique et ses âges des métaux voit se confirmer la pérennité de l’habitat à Mezel et aux alentours puisqu’on parle d’une enceinte importante sur le puy de Mur tandis que les quartiers de la Font St Pierre (âge du cuivre), la Guèle , le Domaine, le Cheix, Vindoux (âge du bronze) ou le Pradal( âge du fer) recelaient de nombreux vestiges ( tessons de céramique, éclats de hache, pointes de flèche, poinçons en os et même sépultures).

C’est alors que les habitants se donnèrent un nom, les Arvernes, des cités, des chefs et une forte idée de leur identité. 

C’est l’Histoire qui continue……

Sources documentaires: Histoire des communes du Puy de Dôme (A.Manry), travaux de Jean-Pierre Maillard, archéologue mezellois.

Le blason

"D'or au chevron d'azur, accompagné en chef 

de deux grappes de raisin de gueules et en pointe 

d'un bousset (tonnelet) du même"

 

Traduction :

Sur fond jaune d'or est dessiné un chevron bleu d'azur, accompagné en haut de deux grappes de raisin rouges et à la pointe en bas du blason, d'un tonnelet de vin du même rouge que les grappes.

Les maires de Mezel

MANDAT PrénomNOM

1830  -  1848 

 Germain

DUMAS

1848  -  1853

 Etienne

BOURNET

1854  -  1869     

 Louis-Etienne

LIGIER DE LA PRADE

1870  -  1876

 François Gilbert

DUMAS 

1876  -  1880 

 Antoine

ARCHIMBAUD

1881  -  1906 

 Pierre

MENAT SAINT JOANIS

1906  -  1908 

 Ambroise 

SENECTAIRE

1909  -  1912

 Mathieu 

MAZIN-COURTY 

1912  -  1917 

 ...

BOURNET-MISSONIN 

1917  -  1919 

 Président de la Délégation 

COUDARCHET 

1919  -  1947 

 Célestin 

TOURRES 

1947  -  1965 

 Jean 

FOURCADE 

1965  -  1971 

 Franck 

FRANCON 

1971  -  1989

 Pierre 

TOURRES 

1989  -  2008

 Mathieu-Noël

MAZIN  

2008  -  2018

 François  

RUDEL 

Mezel un Fort Villageois

Avec l’aimable autorisation de Gabriel FOURNIER auteur de l’ouvrage « Les villages fortifiés et leur évolution. Contribution à l’histoire du village en Auvergne » publié par l’association « Forts Villageois d’Auvergne ».

 

MEZEL.- 1201 ; 1302 ; 1330 ; 1377 ; 1622 ; 1631-1636 (photographie p. 78)

         Le chef-lieu primitif de la paroisse semble avoir été situé à environ 400 mètres au sud du village actuel, au terroir de Saint-Michel (ancienne chapelle, vestiges d’habitat). Le village a pour origine et pour centre un ancien château secondaire dépendant de la châtellenie épiscopale de Vertaizon : ce château fut, au début du XIIIe siècle, un des enjeux du conflit entre le comte Gui et son frère l’évêque Robert. Quand les adversaires signèrent la paix en 1201, Mezel fut l’objet d’une clause particulière : Gui promit à l’évêque de l’aider à acquérir Mezel alors dépendance de al châtellenie de Vertaizon (avec Chauriat), mais Robert dut s’engager à ne pas faire de nouveaux travaux de fortification au château pendant trente ans (BALUZE, t.2, p.78 ; SÈVE, 1980, p.41, 165-167).

        En 1259, une chartre de franchises fut accordée aux habitants par l’évêque (consulat). Le village fut le berceau de deux familles vassales. L’une, dont le plus ancien représentant connu était un chevalier de la garnison du château de Vertaizon (1195/1196), avait adopté Mezel comme surnom et tenait en fief le château épiscopal de Mezel (1302, 1 G 13, c.3, fol.5 : analyse) ; au moins depuis le début du XIVe siècle, les Mezel furent également seigneurs du château voisin de Dallet, dont le fief avait été confirmé à l’évêque en 1254 (1 G 13, c.3, fol.4v°, 7, 5 ; 1 G 26, c.21 ; 1 G 47, p.34 ; ESTIENNE, p.349 ; cf. notice de DALLET). L’autre lignage, surnommé d’Arvey, mentionné à partir du deuxième tiers du XIVe siècle, avait pour siège une maison forte voisine de l’église : il tenait également une porte extérieure du château (1 G 48, fol.27r°, 1329 ; 1 G 26, c.290, 1330 ; 1 G 26, c. 122, 1377 ; 1 G 13, c.3, 1377). Au XVe siècle, le premier fief, uni à la seigneurie de Dallet, passa aux mains des Langeac, le second aux mains des Oradour, auxquels succédèrent au XVIIe siècle les Saint-Pardon.

  Aux XIIIe-XIVe siècles, du fait du jeu des inféodations, Mezel était doté d’un système défensif, composé, d’une part, d’un château, relevant de l’évêque, avec ses deux portes (la mention d’une première porte suppose l’existence d’une seconde), et, d’autre part, d’une maison forte, distincte de l’édifice précédent et située près de l’église. La concession en fief d’une porte au détenteur de cette maison forte, ainsi que des expressions comme « fortitudo castri et ville » (1330, 1 G 26, c.290), « porta fortalicii ville » (1329, 1 G 48, fol.27 r°) donnent à penser que, aux yeux des contemporains, le système fortifié composé à la fois du château et de la maison forte avait également des fonctions collectives dans la défense des habitants du village subordonné. De fait, la basse-cour fut lotie et formait un fort, situé près du château et de l’église et décrit dans un terrier de 1631-1636. Au XVIIe siècle, l’ancien service de guet au château épiscopal de Vertaizon fut alors racheté par les habitants. Il subsiste les vestiges d’une grande enceinte, dont la construction semble ne pas avoir été achevée.

1.-1201-1377.-Les plus anciens témoignages : le château épiscopal et les maisons fortes

        a.-1201 – BALUZE, t.2, p.78 ; 1 G 13, c.2 (vidimus de 1252: traité de paix entre l’évêque de Clermont, Robert, et son frère, le comte d’Auvergne, Gui, qui s’était engagé à aider le premier à récupérer le château de Mezel (SÈVE, 1980, p.41, 165-167 : discussion de l’authenticité du document). Mezel fut l’objet de clauses particulières (traduit du latin)

        Gui a promis qu’il sera un allié fidèle et efficace de l’évêque, son frère, pour aider celui-ci à tenir le château de Vertaizon avec Chauriat et Mezel. Le comte doit faire en sorte que l’acquisition de Vertaizon, de Chauriat et de Mezel soit effective de manière que le seigneur évêque en ait la possession

         Le seigneur évêque et le chapitre cathédral ont concédé que dans la châtellenie de Vertaizon ils ne construiront pas de nouveau château, mais ils pourront y faire des travaux pour renforcer ceux qui sont déjà construits, exception fait du château de Mezel qui ne devra pas être renforcé durant trente ans1.

        b.-1302.-Le château – 1 G 13, c.3, inventaire des titres de Vertaizon, fol.5

        Noble Reynaud de Mezel a fait hommage pour son château de Mezel avec toutes ses dépendances2.

        c.-1330 – 1 G 26, c.290 ; cf. aussi l’inventaire des titres de Vertaizon (1 G 13, c.3), fol.3 ; 1 G 48, fol.27 r° ; 1 G 51, fol.1 (en marge « le chastel de Mezet ») (traduit du latin)

        Guillaume Arvey, damoiseau, de Mezel a confessé tenir en fief sa maison de Mezel, avec sa motte, ses fossés, ses fortifications et tous les droits attachés, jouxte le chemin public d’une part, l’église Saint-Pierre, la maison d’Etienne de Mezel, damoiseau, d’autre part, et les maisons de Jean Gralho, Durand Salvestre et des héritiers de Pierre Paleta, une ruelle entre eux, d’autre part ; item la première porte appelée la « Porte du château de Mezel », jouxte la maison du dit Etienne de Mezel, d’une part, la maison de Pierre Talapu d’autre part, et la place commune, appelée « del Peyro », d’autre part ; item, d’une manière générale, la fortification du château et du village de Mezel3.

        d.-1377 – 1 G 26, c.122. Reconnaissance de Robert Arvey : mêmes termes que celle de 1330. Cf. aussi l’inventaire des titres de Vertaizon (1 G 13, c.3), fol. 4v° (1377) et 6v° (1350)

2.- XVIIe siècle

        a.- 1622.- Service du guet au château de Vertaizon – 1 G 25, c. 80

        En dépit de la présence d’un château seigneurial et d’un fort, un service de guet au château de Vertaizon figurait, encore au XVIIe siècle, parmi les obligations des habitants de Mezel. Un conflit à ce sujet, sur le plan fiscal, se terminera par une transaction en 1622.

  L’évêque, en tant que seigneur justicier de Vertaizon, réclamait un droit de guet de 3 sous 4 deniers par feu, ainsi que des manœuvres, comme dans le reste de la châtellenie de Vertaizon (la nature des manœuvres variait suivant la richesse des assujettis).

  Les habitants, représentés par leurs consuls, reconnurent l’obligation de « faire la garde au château de Vertaizon en temps de guerre et éminant péril, ce à quoy ils ont toujours satisfait jusques à présant », mais ils affirmèrent qu’étant soumis à ce service, ils ne devaient pas payer de droit de guet. Par une transaction, la taxe fut ramenée à 2 sous par feu et par an, payable avec la taille personnelle de 18 deniers par feu : en contrepartie de cet abonnement, le seigneur exempta les habitants de l’obligation d’assurer la garde à son château. En même temps, les manœuvres furent réduites à une ou éventuellement deux par an, à condition que le corvéable puisse rentrer le jour même dans sa maison et à condition que le seigneur paye les péages au cas où le corvéable y serait assujetti.

        Voir des accords comparables avec les habitants de Bouzel et de Vassel.

        b.- 1631-1636.- Description du fort : Liève de 1631-1636 décrivant la censive de François de Saint-Pardon, seigneur de Mezel - 2 E 02240 (d’après un dépouillement de P. Charbonnier)

        Trente-six tenanciers reconnurent tenir du seigneur châtelain de Mezel des bâtiments, appelés le plus souvent « chabanes » ou « maisons », situés dans le fort, au quartier du « Foussat ». La plupart de ces « chabanes » touchaient les unes aux autres, quelques rues assurant la circulation. Quatre « chabanes » étaient situées devant l’église. D’autres s’élevaient à proximité du château et leur emplacement était défini en général par rapport à la « motte du château » (sept cabanes de ce type, dont cinq au nord de la motte), dans un cas par rapport à la « basse-cour ». L’évêque possédait un pressoir dans le fort. Une seule ruine est mentionnée. Quelques « chabanes » étaient partagées entre plusieurs tenanciers.

3.- Le plan

        Le château (grande construction rectangulaire flanquée de tours, au nord de l’église) occupe le secteur nord-est d’une petite enceinte elliptique, dont les limites orientales sont difficiles à préciser et qui correspond à l’ancien fort.

        La limite septentrionale du village de Mezel est matérialisée par une rue dite « chemin derrière les maisons », aujourd’hui « rue du chemin de ronde », le long de laquelle s’élevaient quatre ou cinq tours plus ou moins bien conservées : elle correspond à une ancienne enceinte villageoise. Sur la face orientale, des ruelles étroites en marquent l’emplacement. Le tracé est plus incertain au sud. Les principaux quartiers, construits sur deux rues est-ouest et sur une parcellaire nord-sud, s’étendent à l’est du fort proprement dit (« quartier des Vigeries »). Le secteur nord de la grande enceinte est en revanche incomplètement bâti. La topographie du village donne ainsi l’impression d’un remaniement inachevé.

PLASSE (F.-X.), Charte de Mezel accordée par Gui de la Tour-du-Pin, ancien frère prêcheur, évêque de Clermont ;

     juin 1259 = Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, 1892, p. 296-302.

 

Guido promisit quod erit fidelis et efficax adjutor dicto episcopo, fratri suo, ad habendum castrum Vertaizo cum Chauriaco et Mezes. Debet autem facere comes quod acquisitio Vertazionis, Chauriaci et de Mezes veniant ad effectum et ut dominus episcopus habeat.---. Concesserunt dominus episcopus et capitulum --- quod in castellania Vertaizonis non erigent novum castellum, sed erecta poterunt firmare, excepto castro de Mezes quod infra XXX annos firmari non debet.

2 Fecit feudum - - - de castro suo de Mezet cum omnibus suis pertinentiis.

3 Hospitium suum de Mezeyc cum mota, fossatis, fortitudine et eorum juribus et pertinentiis universis, juxta viam publicam ex parte una, et ecclesiam Sancti Petri et domum Stephani de Mezeyc, domicelli, ex parte altera, et domos Johannis Gralho, Durandi Salvestre et heredum Petri Paleta, quodam violo intermedio ex alia parte. Item primam portam, vocatam Portam castri de Mezeyc, juxta domum dicti Stephani de Mezeyc ex parte una, et domum Petri Talapu ex parte altera, et plateam communem vocatam del Peyro ex alia parte. Item plus omnimodo fortitudinem castri et ville de Mezeyc.

Mezel un Fort Villageois

Avec l’aimable autorisation de Gabriel FOURNIER auteur de l’ouvrage « Les villages fortifiés et leur évolution. Contribution à l’histoire du village en Auvergne » publié par l’association « Forts Villageois d’Auvergne ».

Charte de Mezel, accordée par Gui de la Tour-du-Pin